Sebastian Meise
Avec Franz Rogowski, Georg Friedrich, Anton von Lucke. A peine sorti des camps de concentration, Hans Hoffmann est conduit en prison. Son crime ? Aimer les hommes. Jusqu’en 1994, date d’abrogation du paragraphe 175 du code pénal allemand, Hans passe le plus clair de son temps derrière des barreaux. Une fresque historique poignante, témoignage essentiel d’un long et cruel drame humain. Le film a reçu le Prix du jury dans la section Un certain Regard à Cannes, ESC Editions, 14,99 euros
Guillermo del Toro
Pendant la guerre espagnole, un jeune garçon arrive dans un internat pour orphelins. Du haut de ses 12 ans, Carlos va devoir faire face à ce lieu sinistre et au fantôme d’un mystérieux enfant... Puisant dans l’esthétique du fantastique et du gothique, ce film du cinéaste mexicain Guillermo del Toro sorti en 2002 aborde le traumatisme de la guerre civile à travers le conte cruel. Le film restauré est accompagné de bonus passionnants comme l’interview de Marisa Paredes et d’un beau livre de 200 pages illustré qui permet de découvrir les processus créatifs de Guillermo del Toro. Une belle idée de cadeau de Noël !
Aurel
Peu connu du grand public, Josep Bartolí (1910-1995) était un dessinateur et militant antifranquiste qui a connu l’exil en France et au Mexique avant de s’installer définitivement à New-York où il s’est illustré en tant que scénographe et peintre. Ses dessins en noir et blanc des différents camps du Sud de la France où ont été parqués les républicains en 1939 constituent un témoignage exceptionnel de cet épisode historique. La force expressionniste du trait avait fasciné le dessinateur français Aurel lors de leur parution en 2009 dans le livre La Retirada de Georges Bartoli (Editions Actes Sud). Une décennie plus tard, Aurel a choisi d’en faire le sujet de son premier long métrage. Un film d’animation qui n’est ni un biopic sur Josep Bartoli ni un documentaire sur les camps, mais une fiction documentée traversée par la grâce du dessin, de l’aquarelle et portée par la musique de Silvia Pérez Cruz et la voix de Sergi López. En bonus, un entretien avec le réalisateur, son court métrage Octobre noir et l’exceptionnel documentaire de Vincent Marie Bartolí, Le dessin pour mémoire. Blaq out 14,99 euros
Hubert Sauper
Cuba fait l’objet de nombreux documentaires du fait de sa singularité historique, sociale et culturelle. Epicentro apporte un regard intéressant sur l’histoire de l’île notamment en la présentant comme l’épicentre de trois dystopies : la traite d’esclaves, la colonisation et la globalisation du pouvoir. A travers les incroyables témoignages d’enfants de La Havane le cinéaste tend le fil de l’histoire de l’île où se sont confrontés impérialisme et capitalisme. Grand Prix du Jury Documentaire étranger à Sundance. Blaq out 14,99 euros
Jonás Trueba
Eva, jeune comédienne d’une trentaine d’années a décidé malgré la canicule estivale de rester à Madrid en août et de redécouvrir la ville avec des yeux neufs. Au hasard de ses déambulations dans les musées, les rues et les bars elle fait plusieurs rencontres… Cette parenthèse estivale lui permet de faire le point sur son parcours amoureux et existentiel. Ce cinquième long métrage de Jonás Trueba a la fraîcheur et le charme d’un conte rohmérien. Et la grâce du jeu de l’actrice Itsaso Arana y est pour beaucoup. C’est aussi un superbe portrait de la capitale espagnole.
César Díaz
A l’instar de La Llorona de son compatriote Jayro Bustamante, César Díaz évoque lui aussi le drame du génocide guatémaltèque. Si Bustamante jouait avec les codes du fantastique, César Díaz aborde le sujet de façon presque documentaire, même s’il s’agit d’une fiction. Ernesto, un jeune anthropologue employé à l’Institut médico-légal tente de retrouver les dépouilles des disparus dans des charniers. Au fil de sa quête, le jeune homme devra affronter les fantômes de son propre passé. Nourri par sa propre histoire et son travail d’enquête, César Díaz évoque avec beaucoup de force la question du devoir de mémoire dans un pays meurtri par 30 ans de guerre civile. Caméra d’or au Festival de Cannes 2019. Sortie le 8 septembre 2020, Pyramide Vidéo, 19,99 euros
Jan-Ole Gerster
Aujourd’hui, Lara Jenkins a 60 ans. Élégante et seule, elle parcourt Berlin et distribue des places de concert. Son fils Viktor va donner son premier récital de piano. Elle a fait de lui un génie. Et il l’évite. Remarquable variation sur les doutes d’un artiste, le prix du succès et l’intransigeance d’une mère qui projette ses propres frustrations. On retrouve les déambulations berlinoises inquiètes d’Oh boy, et l’ironie un brin cruelle du réalisateur. Une superbe partition magnifiquement interprétée, mêlant humour et gravité avec maestria.
Alejandro Amenábar
Salamanque 1936. Miguel de Unamuno est l’un des intellectuels les plus respectés d’Espagne. Le philosophe occupe le poste prestigieux de recteur de l’Université de Salamanque. Au moment du soulèvement militaire de juillet 1936, Unamuno prend tout d’abord le parti des militaires, croyant que la rébellion est nécessaire pour sauver la liberté de l’Espagne, mais face aux exécutions sommaires et la cruauté du fascisme incarné par le général et fondateur de la légion Millán-Astray, il change de camp. Le 12 octobre 1936, il s’oppose courageusement au régime lors de son célèbre discours au sein de l’amphithéâtre de l’université de Salamanque. A travers la figure tout aussi contradictoire que fascinante d’Unamuno, le cinéaste Alejandro Amenábar décrit les premiers mois du conflit. Et il réussit à construire une narration habile mettant en parallèle l’ascension de Franco à la réflexion et au doute de Unamuno. en VOD le 16 juin 2020
Greta Gerwig
Nées sous la plume de l’Américaine Louisa May Alcott en 1868, Les aventures des quatre filles du Dr March ont été suivies par des générations de lecteurs. Dans cette nouvelle adaptation, la réalisatrice Greta Gerwig prouve que ce grand classique n'a pas pris une ride : avec son rythme enlevé, ses décors somptueux et son casting d'envergure, le film retrace avec brio les joies et les peines du passage à l'âge adulte.
Oliver Laxe
Libéré après avoir purgé une peine pour incendie volontaire, Amador retourne chez sa mère Benedicta dans un village perdu de Galice. Le quotidien est rythmé par le soin de la terre et des vaches, par les traditions séculaires d’un monde rural en voie de disparition. On parle peu mais le regard que porte Benedicta sur son fils est exempt de toute rancœur. On vit au rythme de la nature et on sent qu’Amador est en communion spirituelle avec cette nature, qu’elle le protège du regard des villageois qui ne semble voir en lui qu’un marginal. Mais le jour où le feu revient en Galice, le regard des autres se charge d’une haine viscérale envers Amador, "M, le maudit" rural... Avec une économie de dialogues, des acteurs non professionnels et une caméra qui capte le moindre bruissement de la forêt, Olivier Laxe aborde toute la dimension mystique et philosophique de notre condition humaine face à la nature. Avec Amador Arias et Benedicta Sánchez (prix Goya du meilleur espoir féminin)