
Les formations à l’étranger : un enjeu du collège à l’université
Partir à l’étranger dans le cadre d’un semestre avant ou après le bac, en échange universitaire, y faire un stage, choisir même d’y suivre l’intégralité de ses études est devenu de plus en plus fréquent dans les parcours des étudiants. Quels sont les atouts et les limites de ces formations ?
Dans un monde globalisé, les formations à l’étranger connaissent un essor sans précédent. De nombreux étudiants français, dès le collège ou le lycée, franchissent les frontières pour enrichir leur parcours. Ces expériences permettent d’apprendre une langue, de découvrir d’autres cultures et de s’ouvrir à des perspectives professionnelles, mais elles présentent aussi des défis financiers et académiques.
Les échanges dans le secondaire : une première immersion
Les programmes d’échange dans le secondaire, souvent proposés sous forme de partenariats entre établissements, permettent aux élèves de vivre, très jeunes, une immersion totale dans un environnement étranger. Sofie, originaire d’Autriche, a ainsi passé son année de seconde à Clisson près de Nantes. Elle témoigne : "j’étais curieuse, j’avais envie d’un défi et d’une vie plus excitante". Ces séjours permettent aux jeunes de développer une autonomie, de se confronter à un nouveau système éducatif, à des habitudes différentes. "Le lien que j’ai avec ma famille d’accueil ne s’illustre pas au quotidien, mais il reste très fort. 8 ans après, j’ai été invitée au mariage de ma soeur d’accueil, et tout le monde m’a reçue très chaleureusement" confie-t-elle. Sans se lancer dans une année scolaire complète, l’expérience d’un séjour linguistique de quelques semaines pendant les vacances est un bon début pour s’immerger dans une autre culture et apprendre à s’adapter. Ces programmes sont accessibles dès le plus jeune âge et sont gérés par de nombreuses organisations qui facilitent les démarches administratives. Pêlemêle : Aram, JEV langues, Nacel... Les jeunes sont également confiés à des familles d’accueil qui les accompagnent dans l’apprentissage d’une langue à travers des activités culturelles, sportives... Depuis 2023, les élèves peuvent aussi remplacer leur stage obligatoire de seconde par un séjour linguistique ou un stage à l’étranger.
Des labels pour encadrer les séjours
Ces séjours se popularisent tellement que certaines structures mettent en place des labels qualité pour encadrer les nombreuses organisations qui proposent leurs services. C’est le cas de l’Unosel ou de l’Office National des Séjours Linguistiques et Éducatifs. "Si on a créé ces certifications, c’est parce que la demande était grande mais que la satisfaction de ceux qui partaient à l’international restait assez faible" explique Sabine Bonnaud déléguée générale d’Unosel. "Le label vérifie les qualifications des enseignants, la qualité des hébergements et est en lien avec les pouvoirs publics pour faire remonter les difficultés rencontrées". Cela assure un encadrement rigoureux et permet aux parents de choisir une organisation fiable. Une mission de la plus haute importance selon Sabine Bonnaud, pour qui "on ne revient jamais tout à fait pareil d’un échange".
Les échanges dans le milieu universitaire : un choix stratégique ?
Si ces échanges sont de plus en plus populaires auprès des jeunes collégiens, lycéens et de leurs parents, ils le sont d’autant plus quand les élèves entament leurs études universitaires. Après l’obtention du baccalauréat, de nombreux jeunes optent pour des formations qui intègrent une expérience à l’international sous la forme d’un semestre d’échange universitaire, d’un stage ou même d’une année de césure permettant d’enrichir leur cursus. Le programme Erasmus+ reste la référence pour la formation en Europe. Il offre de nombreuses possibilités : échanges universitaires, stages en entreprise pour les étudiants, apprentis et jeunes diplômés de l’enseignement et formation professionnels. Créé en 1987, ce programme star de l’UE regroupe aujourd’hui 33 pays (27 états membres + Islande, Liechtenstein, Macédoine du Nord, Norvège, la Serbie, la Turquie) et 169 pays partenaires à travers le monde entier. Avec plus de 100 000 étudiants concernés, la France a été le deuxième pays d’envoi en 2023. La bourse Erasmus+ est automatiquement attribuée si l’étudiant est inscrit dans un établissement de l’enseignement supérieur et son montant varie en fonction du pays où se déroule la mobilité. D’autres aides sont éventuellement cumulables selon certains critères et conditions comme le détaille le site d’Erasmus+.
L’expérience de mobilité est autant à l’initiative des étudiants que des universités. De plus en plus d’écoles spécialisées (écoles de commerce, d’ingénieur, de communication, de tourisme, instituts d’études politiques) rendent obligatoire un semestre ou une année à l’étranger dans leurs cursus. Les retours d’étudiants sont très positifs : en 2023, selon une étude de ResearchNed, 97% des personnes ayant tenté l’expérience Erasmus+ ressentaient toujours, 5 ans après, les retombées positives sur leur vie personnelle et 89% sur leur vie professionnelle.
Hors du programme, les pays comme le Royaume-Uni, l’Australie, les États-Unis ou le Canada attirent particulièrement les étudiants par la langue, la qualité des universités, le cadre de vie et les opportunités de carrière. En école de communication, Eva a passé un semestre à Sydney en Master. "C’est une expérience que je peux facilement valoriser sur mon CV" raconte-t-elle "Cela m’a apporté beaucoup d’ouverture personnelle et dans mon cas, en communication et marketing, cela m’a également permis d’avoir un aperçu d’un marché autre que le français". Pourtant, pour Raphaël, étudiant à Sciences Po Aix-en-Provence, ces formations à l’étranger ne sont pas forcément un atout professionnel : "Dans les grandes écoles, c’est quelque chose de banalisé. Ça n’a plus rien de valorisant en matière de compétences pour le monde professionnel, si ce n’est la pratique de la langue éventuellement."
Une solution pour certains cursus spécifiques
Pour des filières telles que la kinésithérapie, la médecine vétérinaire, très difficiles d’accès en France, des pays comme l’Espagne, la Belgique ou la Roumanie offrent des solutions alternatives. Chaque année, ce sont des milliers d’étudiants qui font le choix de suivre leur cursus entier à l’étranger, une alternative viable pour réaliser leur projet professionnel sans passer par les filtres du PASS (Parcours d'accès spécifique santé) ou de la LAS (Licence accès santé) et échapper à la problématique du numerus clausus français. Après avoir échoué au concours de médecine en 2018, Pierre-Antoine a choisi de suivre un cursus en Espagne pour devenir kinésithérapeute. "L’adaptation s’est bien passée ; il y a un bon nombre de Français, ce qui facilite la vie" se rappelle-t-il. S’il considère ses études à l’étranger comme un enrichissement personnel, il reconnaît qu’elles ont pu être un inconvénient lors de son retour en France : "dans ma profession, beaucoup dénigrent le fait d’avoir fait ses études à l’étranger". Ainsi, les diplômes obtenus à l’étranger ne sont pas toujours valorisés sur le marché français. Les secteurs médicaux et paramédicaux, notamment, nécessitent une validation spécifique des qualifications avant de pouvoir exercer en France.
Vers une généralisation des parcours internationaux ?
Les formations à l’étranger sont bien plus qu’une simple tendance : elles répondent à un besoin d’ouverture dans une société globalisée. Elles offrent aux jeunes des perspectives uniques, à la fois sur le plan personnel et professionnel. Pourtant, il reste des défis à relever pour rendre ces formations accessibles au plus grand nombre. Le coût financier de ce type d’échanges reste très important malgré certaines bourses nationales, régionales ou les aides à la mobilité internationale qui peuvent être octroyées aux étudiants. Une année d’étude à l’étranger revient en moyenne à 10 000 euros, selon la destination et sans compter les frais de scolarité. "Au niveau européen, la France est loin d’être le pays le plus moteur dans ce secteur" regrette Sabine Bonnaud "contrairement à l’Espagne, la Suisse, l’Italie ou l’Allemagne qui proposent davantage de soutien financier. En France, pouvoir faire un échange dépend surtout des revenus de ses parents". La maîtrise de la langue peut être également nécessaire en amont de l’échange, certains établissements réclamant des certifications (IELTS, TOEIC, TOEFL) qui représentent des dépenses supplémentaires. Avec la montée en puissance des formations internationales, les gouvernements et les établissements éducatifs devront donc peut-être renforcer les dispositifs de soutien afin de démocratiser plus largement ces opportunités.
Contacts utiles
- ARAM : aram-france.com
- CALVIN THOMAS : calvin-thomas.com
- CEI : cei-voyage.fr
- ERASMUS+ : info.erasmusplus.fr
- EF : ef.fr
- JEV LANGUES : jev-langues.com
- KAPLAN : kaplaninternational.com
- LINGUIFAMILY : linguifamily.com
- NACEL : nacel.fr
- PIE : piefrance.com
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